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The Corpse of Anna Fritz (Hèctor Hernández Vicens, 2015)

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Soutenu par une réputation avantageuse, The corpse of Anna Fritz se révèle effectivement comme une jolie découverte, détournant habilement ce qu’on pouvait attendre de son synopsis d’une profonde noirceur. Passant du survival au rape and revenge, le film de Hèctor Hernández Vicens se structure comme une descente aux enfers prenante et dépasse son unité de lieu par un mélange des genres bienvenu. Jouant habilement de notre perception de l’acte nécrophile au cœur de l’intrigue et de l’empathie que nous développerons pour ses participants, The corpse of Anna Fritz se révèle être un spectacle étouffant qui pose son spectateur face à un dilemme moral passionnant.

The Corpse of Anna Fritz 4En introduisant le corps d’Anna Fritz par des flash d’informations présentant ce corps caché par un drap mortuaire comme celui d’une grande actrice parfaite, sublime, extraordinaire, nous, spectateurs, sommes en attente de voir de nos propres yeux ce fameux corps d’Anna Fritz. Un procédé malicieux qui viendra se retourner contre nous lorsque la fascination malsaine de ces hommes pour cette célébrité prendra forme dans un acte nécrophile d’abord filmé de loin puis beaucoup plus frontalement. Si nous sommes loin du célèbre moyen métrage de Nacho Cerdà, Aftermath, et son espèce de normalité dans l’acte nécrophile, la séquence fait tout de même froid dans le dos. Notre façon de percevoir cet acte sera alors au cœur de l’intrigue de The corpse of Anna Fritz, d’abord un acte poussé par une fascination pour la célébrité, Hèctor Hernández Vicens prendra soin de retourner cette première perception pour jouer sur notre empathie envers les participants.

The Corpse of Anna Fritz 5

Assez habilement, notre empathie ira en effet plus aisément vers le plus faible des violeurs d’Anna Fritz. Sans en faire un élément primordial, le récit révèle au détour d’un seul dialogue la raison derrière cet enclin. Alors qu’Anna tente de convaincre son assaillant le plus en doute, elle lui révèle tout simplement qu’il « lui a redonné la vie ». Par cette mise en rapport soudaine de l’acte sexuel et de la renaissance d’Anna se transforme de nouveau notre approche de cet acte terrible. D’abord l’exécution morbide d’un fantasme lié à la célébrité, nous apprenons maintenant que la tendresse avec laquelle ce personnage exécuta l’acte fût plus ou moins responsable de son retour à la vie. Notre perception ayant à rebours changée, le réalisateur s’amusera à jouer de cette empathie envers ce personnage et nous posera habilement devant un dilemme moral passionnant : doit-il mourir alors qu’il est à la fois coupable d’un acte répréhensible et en même temps sauveur malencontreux d’Anna ?

The Corpse of Anna Fritz 1Avec une réalisation sans esbroufe, un découpage fluide et des moments de tension implacables (notamment cette longue séquence ou Anna Fritz rampe pour fuir, retrouvant peu à peu l’usage de son corps), The corpse of Anna Fritz est une descente aux enfers en forme de machination infernale ou se forme une intrication d’événements et de réactions qui mènent à un final des plus jouissif et inattendu. On pense à Petits meurtres entre amis de Danny Boyle dans son premier tiers où les personnages, mis face à une situation sans retour, doivent prendre des décisions qui les poussent toujours plus loin vers le point de non-retour. Si le final en désarçonnera plus d’un, il constitue un vrai plaisir cinéphile dans lequel transparaît l’attachement des auteurs au genre et au cinéma d’exploitation. The corpse of Anna Fritz est en tout cas une franche réussite, rythmé, tendu et extrêmement ingénieux dans le dilemme moral qu’il propose. Une vraie proposition de cinéma en somme !


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