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Wolf Creek 2 (Greg Mclean, 2013)

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PIFFF 2013 : film de clôture

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2005, Wolf Creek premier du nom marquait la naissance d’un réalisateur australien à suivre de près, car si le film était loin d’être parfait il développait une vraie ambiance et sa première partie s’avérait plutôt efficace. Presque 10 ans plus tard, et après une série B renouant avec la figure du crocodile géant, Greg Mclean se penche à nouveau sur l’ignoble Mick Taylor avec cette suite ratée, qui n’a pour elle que sa sauvagerie débridée et sa mise en scène toujours affutée.

Après de si longues années de maturation, Wolf Creek 2 était une petite claque potentielle, Greg Mclean ayant la possibilité de pousser son concept un peu plus loin en gommant les gros défauts du premier opus. Manque de bol, c’est tout l’inverse avec cette suite. Les éléments un brin originaux de Wolf Creek 2 se comptent sur les doigts d’une seule main. Il faut voir la toute première partie du film qui, une fois passé un prologue gentiment gore pour réintroduire le personnage de Mick Taylor (en lui donnant toutefois des circonstances atténuantes pour qu’il assassine des flics, première erreur), ne va jamais plus loin que la redite, en mode mineur, du premier film. On retrouve ainsi un couple d’autostoppeurs allemands qui décident d’aller se balader à Wolf Creek et d’y camper, et qui vont bien entendu faire une malheureuse rencontre avec le pire bouseux du coin, le boucher Mick Taylor, son gros couteau et son fusil à lunette. Pendant un temps, Greg Mclean se contente de refaire la même chose en moins bien, puis ose prendre les attentes à revers en changeant de cible, après quelques séquences bien sauvages et surtout extrêmement gores.

Wolf creek 2 1 Wolf Creek 2 (Greg Mclean, 2013)

Le retournement opéré ne manque pas d’intérêt et permet surtout de relancer une narration qui commençait à patiner sévère et bien trop tôt dans le film. Toutefois, il ne crée pas que du positif dans la mesure où il transforme tout à coup Wolf Creek 2 en une sorte de sous-Duel qui reprend sans les transcender les outils développés à l’époque par Steven Spielberg. Il s’en sort plutôt bien et assure une course poursuite voiture vs. camion très efficace, jusque dans sa conclusion, mais il n’apporte absolument rien de neuf. Et ce n’est pas dans la troisième partie que le film pourra s’envoler, tombant dans la recette un peu rance du torture porn, alors que le genre est déjà mort et enterré depuis des années à force de reproduire encore et toujours la même chose. Voilà donc une structure plutôt déséquilibrée mais surtout un brin ringarde, n’apportant strictement rien aux genres qu’il aborde. Dès lors, qu’attendre de Wolf Creek 2, qui se permet en plus de souffrir d’une absence de rythme flagrante rendant l’ensemble interminable. Fort heureusement, il y a toujours ces excès gores qui rendent le spectacle parfois très amusant et surtout très méchant. Mais globalement, tout cela ne va pas bien plus loin que le plus commun des torture porns, avec un humour noir décomplexé parfois salvateur (une partie de la séquence avec le couple de retraités).

Wolf Creek 2 2 Wolf Creek 2 (Greg Mclean, 2013)

Par ailleurs, dans sa conclusion, Wolf Creek 2 bénéficie d’un décor assez génial avec la tanière infernale de Mick Taylor, sorte de musée des horreurs issu d’un esprit gentiment dérangé. Le réalisateur l’utilise d’ailleurs plutôt bien tenter de dynamiser son final autant qu’il le peut. Au rayon de ce qui fonctionne, Greg Mclean livre encore des images de l’Australie souvent magnifiques, captant des panoramas dignes de décors de western (le film emprunte d’ailleurs quelques motifs au genre), et reste un habile filmeur quel que soit les espaces auxquels il se frotte. Mais un des gros ratages du film tient dans son propos. Greg Mclean cherche à livrer un portrait au vitriol des autochtones du bush australien et leur tendance au racisme extrême. Il fait de Mick Taylor un intégriste, plus encore que dans le film précédent, lui faisant même tenir un vrai discours socio-politique. Cependant, tout cela ne va pas bien loin dans la satire et l’ensemble manque cruellement de cohérence dans le propos. Ainsi, comment cet homme qui n’est plus seulement un boogeyman maléfique mais un type qui cherche à protéger sa campagne de l’envahisseur étranger, quel qu’il soit (les anglais, les allemands, tous les touristes en prennent pour leur grade, de la même manière que les habitants du coin dont la première règle est de ne pas s’arrêter pour prendre des gens en stop) peut-il prendre autant de plaisir débile à cartonner un troupeau de kangourous avec son camion ? Le personnage a beau être bien évidemment instable et monstrueux, il manque ici d’une cohérence nécessaire, détruisant dans une scène ce qu’il protège dans une autre. Fort heureusement, il y a toujours la performance de John Jarratt, toujours génial dans la peau du bourreau, des lignes de dialogues savoureuses de cruauté et cette violence vraiment décomplexée. Mais avec ce Wolf Creek 2, Greg Mclean rejoint malheureusement ce qui a pu sortir de moins intéressant des créations du fameux splat pack.


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